Suivez-nous sur

mail insta

ENTRETIEN. Sandrine Gruda : « l’endométriose est tabou » dans le sport

19 janvier 2021

Internationale française de basket, Sandrine Gruda (33 ans) tente, hors des terrains, de sensibiliser l’opinion publique au sujet de l’endométriose dans le sport, une maladie qui peut se traduire par des menstruations abondantes et douloureuses. Dans cet entretien, l’intérieure de Schio, en Italie, revient sur la manière dont elle vit son endométriose.

Copyrights / Sandrine Gruda Design / photo by SAME O

L’endométriose est une maladie gynécologique fréquente : elle concerne une femme sur dix. Mais elle demeure encore aujourd’hui trop peu connue et diagnostiquée. « L’endométriose est une maladie inflammatoire complexe qui peut récidiver dans certains cas et générer des douleurs chroniques et invalidantes. Elle se caractérise la plupart du temps par des douleurs très intenses lors des périodes menstruelles et peut être parfois cause d’infertilité« , peut-on lire sur le site de l’association EndoFrance.

À 33 ans, Sandrine Gruda est à ce jour l’unique porte-parole de la sensibilisation à l’endométriose dans l’univers du sport. Vice-championne olympique en 2012, championne d’Europe en 2009, championne WNBA, vainqueure de l’Euroligue à deux reprises, la numéro 7 de Schio (Italie) est l’une des joueuses emblématiques de l’équipe de France. Si sa maladie est à l’origine d’importantes douleurs, elle ne l’a jamais empêchée d’embrasser une telle carrière. Avec le temps, l’intérieure a même découvert que le sport était un remède pour lutter contre les symptômes de sa maladie. 

La question du cycle menstruel et ses effets a-t-elle été abordée dans votre carrière ? 

Sandrine Gruda : « Absolument pas. Ça a été une démarche personnelle de m’y intéresser. Mais aucun coach ne m’a tenu au courant du cycle de façon spontanée. Par la suite, et d’ailleurs parce que je suis atteinte d’endométriose, j’ai voulu me prendre en main. J’ai fait la rencontre d’une naturopathe, qui me suit actuellement et qui m’a tenue au courant de l’impact du cycle menstruel sur les performances physiques. Selon moi, c’est bon à savoir, mais à titre individuel seulement. Autant en sport individuel c’est quelque chose qu’on peut prendre en compte, autant en sport collectif ce n’est pas possible. Au bout d’un moment, il faut bien qu’on s’entraîne.

Les règles sont-elles encore un sujet tabou dans le sport ? 

S.G : « Le fait que ce soit tabou ne vient pas des dirigeants, mais des personnes qui vivent la situation. Je ne pense pas que parler des règles soit une nécessité, à moins qu’on passe à un niveau de type Endométriose, ou autres maladies liées à la menstruation. Personnellement, j’en ai parlé à mon coach dans mon club, je lui expliqué ce qu’était l’endométriose. Quand je parle aux hommes de cette maladie, il faut d’abord que j’explique ce que sont les règles. Je le fais naturellement parce que je suis à l’aise avec la question. Avant de regarder les personnes qui ont une méconnaissance du sujet, il faut d’abord regarder le porteur du sujet et voir s’il est à l’aise avec ça. Beaucoup de femmes ne le sont pas. Certaines ne ne savent même pas expliquer ce que sont les règles, elles n’ont pas les mots. La méconnaissance vient d’abord des femmes et ensuite des hommes.

Comment vivez-vous l’endométriose ?

S.G : « Au début, j’ai suivi les recommandations conventionnelles de la médecine et j’ai opté pour la pilule. Elle a complètement camouflé les symptômes de la maladie. Je la prenais en continu et je n’avais plus mes règles. Je pouvais donc fonctionner normalement. En août dernier, j’ai décidé de l’arrêter complètement. Mais je n’ai pas arrêté à l’aveugle, je me suis renseignée sur le sujet avec ma naturopathe. J’ai adopté une nouvelle hygiène alimentaire afin de contrer les effets de la maladie, c’est-à-dire un régime sans gluten et sans lactose. Ça a complètement changé ma vie ! Grâce à ça, j’ai toujours pu m’entraîner. Évidemment, lorsque mes règles arrivent, je ne suis pas dans ma meilleure forme. Mais je fonctionne

Il m’est arrivé seulement une fois depuis l’arrêt de la pilule de remettre en cause ma participation à un match. J’étais à un stade critique : vomissements, sueurs et position fœtus dans le lit. Après discussion avec mon coach, il a préféré m’avoir à 50%, plutôt que pas du tout. Il fallait qu’on rentre tous les deux dans une méthode de communication nouvelle pour que je puisse être performante et en même temps être alerte sur les signaux renvoyés par mon corps. J’ai commencé l’échauffement, je n’étais pas bien… Puis, j’ai fini le match et je me suis sentie très bien. J’ai été agréablement surprise… Ce fameux jour, j’ai constaté que le sport était un avantage à ma situation. Je n’avais pas pu m’en rendre compte plus tôt car j’avais été sous pilule pendant sept ans. »

Est-ce qu’aujourd’hui vous vous dites : « Si j’avais été sensibilisée, ça m’aurait aidée à aller mieux dès le début » ?

S.G : « Il n’y a pas de fonds alloués à cette maladie. Toutes les connaissances que j’ai aujourd’hui proviennent de personnes qui ont fait leur propre recherche. C’est un effort individuel qui va permettre à une personne atteinte de la maladie de récolter des éléments de réponse afin d’être soulagée. On attend toujours que ce soit l’autre qui donne mais il faut cesser d’être attentiste. Je suis contente d’avoir eu cette démarche-là, car c’est une prise de conscience de ma part. Il y a un problème, alors je cherche une solution. C’est comme ça dans tous les domaines. Il faut que la démarche vienne de la personne concernée. Il y a toujours un wagon qui va passer devant nous et ce sera à nous de sauter dedans… ou pas. »

Que faut-il faire pour que les maladies touchant spécifiquement les femmes, comme l’endométriose, soient davantage prises en compte ?

S.G : « J’ai réalisé qu’il y avait une méconnaissance de la cible [l’athlète féminine]. Nous sommes aux prémices de la maladie de l’endométriose. C’est à nous, les personnes atteintes, de faire remonter l’information, en disant qu’elle est aussi présente dans le sport. Une fois qu’elle sera connue de tous, ce sera important pour moi d’avoir cet effet rebond. En tant qu’entraîneur, mieux tu comprendras ta cible, mieux tu sauras repousser ses limites. Que ce soit l’endométriose ou bien des symptômes liés à un déséquilibre du cycle menstruel, il y aura un programme adapté à l’athlète en question pour qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-même et passer un cran au-dessus. On sait comment préparer une athlète à sa performance, comment la faire récupérer. On sait également que le mental est important. Dans son corps, il y a aussi le cycle menstruel qui impacte ses performances. Pour moi, c’est le dernier volet : comprendre comment le cycle fonctionne et ne pas être surpris si une athlète vous dit un jour ‘Aujourd’hui, ce sera compliqué j’ai mes règles et j’ai mal, j’aimerais rester chez moi’. Je pense que c’est la prochaine étape pour le sport de haut niveau. 

Par contre, il ne faudrait pas tomber dans le schéma inverse et trop parler du cycle menstruel. Il y a un juste milieu dans tout : on en parle lorsque c’est nécessaire et qu’il y a un véritable mal-être. On ne va pas non plus commencer à se morfondre, les règles font partie de nous. Si vous gérez bien vos règles, tant mieux pour vous, vivez comme ça ». 

Sandrine Gruda a partagé son témoignage avec nous dans un épisode de
Mon endométriose.

Cet article a été rédigé par Célia Sommer pour Franceinfo.
Retrouvez l’article source à cette adresse.

Pour continuer...

Avec «TOUJOURS LÀ», Info-Endométriose rappelle l’existence d’un handicap invisible…

Article publié le 23/02/2022, écrit par Garance Bailly pour Stratégies. L’endométriose est une maladie…

En voir plus+

Lancement de la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose

Toute l’équipe Info-Endométriose s’est mobilisée pendant des mois sur la stratégie nationale de lutte…

En voir plus+

La Fondation Urgo et Info-Endométriose s’associent pour la santé des femmes.

Ensemble, nous avons donc développé deux vidéos, avec l’expertise du docteur Amélie Levesque, médecin…

En voir plus+

Tania Bruna-Russo, marraine de la dernière vente We Give Collab

Pour clôturer ces 2 mois de collaboration, Tania Bruna-Russo nous fait l’honneur de marrainer…

En voir plus+

Cécile Togni-Purtschet invitée du podcast le Club Bonheur

Le 2 juin 2021, Cécile Togni-Purtschet, présidente d’Info-Endométriose a participé au podcast Le Club…

En voir plus+

Info-Endométriose interpelle les candidats aux élections régionales

A l’occasion des élections régionales qui se tiendront les 20 et 27 juin prochains,…

En voir plus+

Coup de Sang s’associe à Info-Endométriose

Bien plus qu’une  « énième journée de », le 28 mai 2021 est la Journée mondiale…

En voir plus+

Les nouvelles règles des règles dans le hors-série Respiration de Marie-Claire

Article rédigé par Marie Mersier pour le hors-série « Respiration » de Marie-Claire – mai 2021.

En voir plus+

We Give Collab x Info-Endométriose

Du 16 mai au 6 juillet 2021, la plateforme de shopping solidaire We Give…

En voir plus+
09 avril 2021

Endométriose : un tabou qui concerne aussi les hommes

Vendredi 9 avril 2021 à 15:49 –  Par  Pierre Convers, Églantine Éméyé, France Bleu Sujet tabou, les règles douloureuses…

En voir plus+
26 avril 2021

« Petite chronique de l’endométriose», un micro-learning disponible sur Santé.fr !

Avec la participation d’Info-Endométriose Même si elle est décelée depuis l’Antiquité, l’endométriose reste encore…

En voir plus+
19 avril 2021

« Endometriosis in Europe. A renewed momentum ! »

Le 26 mars dernier avait lieu l’événement en ligne « Endometriosis in Europe. A renewed…

En voir plus+
08 avril 2021

« L’endométriose : comment briser le tabou ? » sur France Bleu

Émission « C’est déjà demain » d’Églantine Éméyé sur France bleu, Jeudi 8 avril 2021 à…

En voir plus+
06 avril 2021

Info-Endométriose collabore avec l’OMS pour faire de l’endométriose une grande cause de santé mondiale.

L’association Info-Endométriose collabore avec l’OMS pour faire de l’endométriose une grande cause de santé…

En voir plus+
31 mars 2021

L’endométriose a désormais sa place à l’Assemblée Nationale

Un grand merci à Mme Fannette Charvier pour sa question sur l’‪endométriose hier ‬à l’Assemblée…

En voir plus+
28 mars 2021

Endométriose : on en parle enfin à mots ouverts

Le 28 mars 2021  par Terriennes Liliane Charrier pour TV5 Monde L’endométriose enfin traitée au grand…

En voir plus+
17 mars 2021

Endométriose : des stars se mobilisent pour briser le tabou

Par Cécile Galluccio, Armelle Caux, Erika Olavarria pour France 24 , le 10 mars…

En voir plus+
12 mars 2021

Olivier Véran lance les travaux de la stratégie nationale contre l’endométriose

Communiqué de presse de Olivier Véran – Ministère des Solidarités et de la Santé,…

En voir plus+
12 mars 2021

Le gouvernement s’apprête à lancer une stratégie nationale contre l’endométriose

Par Les Echos, le 12 mars 2021 La députée européenne Chrysoula Zacharopoulou sera chargée d’élaborer cette…

En voir plus+
05 mars 2021

Info-Endométriose, en partenariat avec France Télévisions, lance un appel aux dons pour soutenir la recherche et la prévention.

Aujourd’hui, à l’occasion de la 17ème semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose, nous sommes très heureux de partager avec vous notre partenariat…

En voir plus+

Endométriose : une nouvelle génération monte au front

Douloureuse (pendant les règles, les rapports sexuels), handicapante, la maladie touche des millions de…

En voir plus+

L’ENDOTOUR LFB DÉBUTERA LE 26 NOVEMBRE

Cette saison, la Ligue Féminine a choisi la sensibilisation à la maladie de l’endométriose…

En voir plus+

Lancement de l’EndoTour avec la Ligue Féminine Basket (LFB) ! 🏀

C’est avec une immense joie que nous partageons avec vous un nouveau partenariat placé…

En voir plus+

Endométriose : comment préserver sa fertilité ?

Enora Malagré, marraine de l’association Info-Endométiose, était l’invitée du « Magazine de la santé », le…

En voir plus+

1/24

Vous souhaitez
nous aider ?

Soutenez
Info-endométriose

Grâce à votre générosité nous pouvons mener à bien nos missions : informer, libérer les paroles, les créativités et les initiatives pour progresser sur l’endométriose.

Devenir
bénévole

Devenir bénévole pour Info-Endométriose, c’est participer à la vie et aux actions de l’association.

Adhérer à
notre asso

Découvrez comment devenir adhérent.e à l'association Info-endométriose ! Aidez l'association à mener son combat

Et si on restait en contact ?

Entrez votre e-mail pour recevoir notre newsletter et rester informé des dernières actualités et des prochains événements d'infoendométriose