Endométriose et infertilité
16 mars 2019
L’endométriose est responsable de 30 % à 50 % des cas d’infertilité. Toutes les explications sur les rapports entre cette maladie chronique et les difficultés à concevoir.


Sommaire
- Des symptômes qui apparaissent parfois sur le tard
- Quelle prise en charge en cas de troubles de la fertilité ?
- Comment l’endométriose peut-elle rendre infertile ?
- Une femme sur 10 en âge de procréer touchée par l’endométriose
De façon schématique, lorsque l’endomètre (le tissu qui tapisse l’utérus) ne s’évacue pas complètement pendant les règles, il remonte dans les trompes jusqu’à la cavité abdominale pour s’implanter sur différents organes du pelvis, comme les ovaires ou les trompes (et parfois même bien plus haut sur d’autres organes). Conséquences possibles : l’apparition de nodules, de kystes, d’adhérences, qui peuvent perturber le fonctionnement de l’appareil génital féminin et mettre en péril la conception d’un bébé.
Des symptômes qui apparaissent parfois sur le tard
Les symptômes de l’endométriose apparaissent classiquement dès l’adolescence, lors des premières règles. Mais « certains femmes commencent à souffrir plus tard, souvent au moment de l’arrêt de la pilule et/ou d’un désir de grossesse », explique Chrysoula Zacharopoulou, chirurgien-gynécologue à l’hôpital Trousseau (Paris).
Les douleurs, surtout dans le bas-ventre (de type crampes), s’accompagnent parfois de nausées, de fatigue et empêchent de mener une “vie normale”. Et ce pendant les règles, mais aussi plusieurs jours après ou au moment de l’ovulation. Chez certaines femmes, les rapports sexuels ou le simple fait d’aller aux toilettes peuvent aussi être douloureux.
Le spécialiste pourra, après examen et interrogatoire, décider de faire pratiquer des examens complémentaires (échographie endo-vaginale, IRM).
Quelle prise en charge en cas de troubles de la fertilité ?
« Dans le cas d’une infertilité, on a deux options thérapeutiques : la chirurgie et /ou l’assistance médicale à la procréation (AMP), c’est-à-dire l’insémination intra-utérine et la FIV », résume le Dr Zacharopoulou.
Elle précise que le stade de l’endométriose, l’âge de la femme, la réserve ovarienne, la perméabilité des trompes, constituent autant d’éléments à mettre ensemble pour décider de la meilleure stratégie à adopter en cas d’infertilité.
Dans tous les cas, il est conseillé aux femmes atteintes d’endométriose de ne pas attendre le délai habituel d’un an ou deux ans de rapports sexuels réguliers pour consulter en l’absence de grossesse. Car l’endométriose risquerait d’évoluer et de compromettre un peu plus les chances de tomber enceinte.
Comment l’endométriose peut-elle rendre infertile ?
L’endométriose peut conduire à une infertilité par quatre mécanismes, parfois associés, parfois isolés, comme l’expliquent divers spécialistes, dont le Pr Chapron, gynécologue-obstétricien, dans l’ouvrage « Idées reçues sur l’endométriose » (Editions Le Cavalier Bleu).
- Le premier mécanisme est inflammatoire :
les lésions d’endométriose provoquent une inflammation chronique dans le bas-ventre et particulièrement dans l’utérus, qui n’est pas propice à la fécondation, à la rencontre des gamètes.
- Le deuxième mécanisme est l’obstruction des trompes :
les trompes de Fallopes peuvent progressivement se boucher du fait de lésions d’endométriose dans les trompes, ce qui rend impossible la rencontre entre l’ovule et les spermatozoïdes, qui ne peuvent le rejoindre.
- Le troisième mécanisme est lié à l’ovulation :
en présence de kyste endométriosiques (aussi appelés endométriomes) dans les ovaires, le bon fonctionnement de l’ovaire peut être contrarié, ce qui complique la maturation des follicules (enveloppes contenant les futurs ovules), puis le processus d’ovulation lorsqu’un follicule est mature.
- Le quatrième mécanisme est l’altération de la réserve ovarienne :
celui-ci a surtout lieu en présence d’endométriomes (kystes d’endométriose dans l’ovaire). Le tissu ovarien, peut, au fur et à mesure, se voir « grignoté » par le kyste, ce qui peut diminuer le stock d’ovules disponibles. Mal réalisée, une ablation d’un kyste ovarien peut aussi endommager cette réserve d’ovules, c’est pourquoi la chirurgie en présence d’un kyste ovarien est très délicate, surtout si la femme souhaite tomber enceinte.
Les gynécologues s’accordent à dire qu’une femme atteinte d’endométriose qui cumulerait les quatre mécanismes aura probablement besoin d’une assistance médicale à la procréation, là où une femme ne présentant qu’un seul mécanisme aura plus de chances de tomber enceinte naturellement, sans traitement. Mais comme un bébé se fait à deux, la fertilité du conjoint a aussi son importance, et le spermogramme de celui-ci devra être réalisé pour savoir quelle procédure choisir : se lancer directement en PMA ou tenter sa chance naturellement pendant quelques mois.
Notons par ailleurs qu’on peut estimer qu’il existe un cinquième mécanisme expliquant indirectement le lien entre endométriose et infertilité, qui est d’ordre sexuel. Commme l’endométriose peut engendrer des douleurs pendant les rapports (dyspareunies), il peut être difficile d’avoir des rapports sexuels assez régulièrement pour ne pas « manquer » la période de fécondité, qui se situe durant les trois jours autour de l’ovulation.
Une femme sur 10 en âge de procréer touchée par l’endométriose
Le Dr Zacharopoulou nuance ce chiffre : « Calculer le nombre exact des femmes touchées par cette maladie reste difficile. D’une part, il n’y a pas d’études épidémiologiques françaises. D’autre part, il y a des formes d’endométriose “symptomatiques”, et les patientes sont souvent sous-diagnostiquées ». Selon la gynécologue, ce chiffre serait en augmentation ces dernières années, grâce à une meilleure communication autour de la maladie, qui a permis aux femmes de mettre des mots sur leur douleur et de consulter sans crainte d’être jugées. La spécialiste évoque notamment la première campagne nationale pour l’endométriose (« Les règles c’est naturel, pas la douleur ») soutenue par les ministères de la Santé, de l’Education Nationale et des Droits des Femmes, et portée par Imany et Julie Gayet. « Plus le diagnostic et la prise en charge se feront tôt, plus la qualité de vie et la fertilité de la patiente pourront être améliorées », conclut le médecin.
Cet article a été rédigé par Katrin Acou-Bouaziz pour Parents.
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